port de jakarta

Tanjung Priok | 2017

Bien que je sois arrivé par hasard à proximité de cette gare maritime, situé à l’ouest du port de Tanjung Priok à Jakarta, ma curiosité m’a poussé à pénétrer dans cette zone où les touristes ne vont pas.

Je cultive depuis longtemps un profond intérêt pour ces lieux authentiques où vivent des hommes et des femmes que la société laisse hors champs ou cantone à leur simple capacité de travail. Je me retrouve bien dans le travail d’Evangelia Kranioti et sa série, Exotica Erotica, sur des marins au long cours, qui a réussi à capter en eux «une intensité brute» et à cette idée qu’un paysage social peut devenir le terrain d’une expérience intérieure fantastique.

Il y a pour moi dans ces hommes, une forme de consolation ; je retrouve en eux un regard fraternel et une humanité qui me touche profondément. Ces personnes se sont offertes à moi, m’ont accueilli, comme ils étaient, avec générosité, sans rien attendre en retour. J’ai voulu capturer sur la surface sensible de ma pellicule ce contraste entre la convivialité de ces ouvriers et leurs conditions de travail difficiles.

Outre ces hommes, qui sont pour moi le sujet principal de cette série, j’ai tenté de saisir ce décor grandiose, cette beauté brute qui ne cache rien : les coques monumentales des bateaux, ces grandes infrastructures métalliques qui déversent les marchandises, le vas-et-vient des camions remorques… Promouvoir l’idée qu’il y du beau hors des sentiers battus, sortir des clichés de cartes postales, capter une forme de féérie là où on ne l’attend pas.

J’ai tenté de retranscrire l’émotion que j’ai ressentie, d’aller au-delà du pittoresque à travers l’unique pellicule dont je disposais.

J’ai trouvé dans ce lieux ce que disait Robert Doisneau pour parler de la photographie : «un bon sujet dans un bel ensemble». J’ai voulu rendre hommage à ces hommes que j’amerais connaître un peu mieux.